Este texto foi publicado nos Anais do Congresso sobre Jean-Jacques Rousseau ocorrido en Montmorency, França, no final de 1995.
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O filósofo Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), inspirador de Simon Bolívar. |
La présence des idéaux
rousseauniens est indéniable dans les luttes d'indépendance des plusieurs pays ibéro-américains [1]. Mon but dans ce travail est
de montrer l'inspiration exercée par le philosophe de Génève sur l'une des plus
expressives personnalités du monde ibéro-américain: le Libérateur Simón Bolivar
(1783-1830). Je développerai deux aspects de cette inspiration: premièrement, le Maître, où je releverai la façon dont la pensée rousseaunienne
inspira le tuteur et maître de Bolivar, don Simón Rodríguez (1771-1854) et
comment celui-là marqua la formation
intellectuelle du Libérateur; deuxièmement,
le Disciple, où j'analyserai
l'influence de Rousseau sur Bolivar.
1- Le Maître
Simón Rodríguez fut,
sans doute, l'éducateur qui exerça la plus grande influence sur la formation de
la personnalité du Libérateur Simón Bolivar. Rodriguez naquit à Caracas et décéda à Amotape ,
petit village du Département de Piura (Pérou) [2].
Si quelqu'un un jour
réussit à incarner fidèlement l'idéal de
vie et de conception humanistique prêchés par Jean- Jacques Rousseau, ce fut
Simón Rodríguez. Il reproduisit dans sa
vie et dans ses enseignements les idéaux rousseauniens de la théorie de la
bonté naturelle de l'homme et du contrat social, d'autodidactisme, de rapport
étroit entre nature et société, de morale basée sur la liberté, de triomphe du sentiment sur la raison. [3].
Simón Rodríguez subit
également l'influence d"Holbach (1723-1789) et de Saint-Simon (1760-1825).
Du premier, l'éducateur de Bolívar prit la valorisation du savoir scientifique
et experimental de la nature, une influence qui, d'ailleurs, il avait aussi
reçu de Rousseau. Du deuxième, il prit les idéaux socialistes, fondés sur
l'idée rousseaunienne d'égalité. La philosophie qui eut donc plus d'influence
chez Rodríguez fut celle de Rousseau.
Comme le philosophe de
Génève, Simón Rodriguez fut un penseur itinérant. "Je ne veux pas être,
disait-il, comme les arbres, qui étendent leurs racines dans un endroit pour ne
plus le quitter. Le vent, l'eau, le soleil, tout ce qui bouge et ne s'arrête
jamais, c'est cela la vie pour moi." [4]. Bolivar lui-même ainsi
définit la personnalité itinérante et cosmopolite de son maître et ami:
"C'est le meilleur homme du monde, pourtant, puisque que c'est un
philosophe cosmopolite, il n'a ni patrie, ni foyer, ni famille, ni rien
d'autre." [5]. Dans sa conduite le maître de Bolivar était
aussi totalement rousseaunien: autodidacte, ce qui a été déjà signalé, amant de
la nature, défenseur infatigable des opprimés, réformateur audacieux des
méthodes pédagogiques , il s'agissait d'une personnalité polyfacétique,
difficile à être insérée dans un système de réflexion ou d'un stablishment. Cette originalité
naturelle le mena à changer de nom, ayant adopté celui de "Samuel
Robinson". Guillermo Francovich[6] a
ainsi synthétisé la figure de Rodríguez: "La personnalité du ‘Maître du
Libérateur’, Simon Rodríguez, est l'une des plus originales de l'histoire
américaine. On connaît beaucoup d'anecdotes sur lui, grâce auxquelles , s'il
avait été né en Grèce classique, il aurait certainement mérité de figurer dans
la galérie des ‘philosophes illustres’ de Diogènes Laerce, à côté des maîtres
de la pensée cynique et sceptique. Malgré son apparente excentricité, Simón Rodriguez fut un esprit
profondement humain et toujours préoccupé des problèmes du bien-être
social."
J. A. Cova [7] à son tour, identifie
Rodriguez comme étant une espèce de copie de Rousseau: "Les excentricités,
les faiblesses ou les manies de l'angoissé auteur des Confessions, revivent
incorporées au "dromomane" impénitent, au precepteur systématique, au
sophiste et au poète hypocondriaque."
Le contact de Simón
Rodríguez avec Bolivar se fit en trois moments: pendant l'adolescence de son
disciple, entre ses 11 et 14 ans (1794-1797), pendant sa jeunesse, à 21 ans
(1804-1805) et, finalement, vingt ans après, quand Bolivar était déjà le
Libérateur de cinq pays. En tous ces moments, l'influence du maître sur son
disciple fut décisive.
Concernant l'influence
exercée par Rodriguez sur Bolivar adolescent, Jules Mancini [8] nous rapporte:
"Investi de totale autorité sur son disciple favori, Rodriguez a alors
pensé pouvoir réaliser un projet spécialement cher à son coeur, celui de mettre
sur pied le système d'éducation prôné par Rousseau. Le garçon qu'on lui avait
confié était, tel qu'Emile, "riche", "de grande lignée",
"orphelin", "robuste" et "sain". En même temps,
Rodriguez ne réalisait-il pas l'idéal du précepteur rêvé par Jean-Jacques?
"Jeune", "prudent", "célibataire" et
ïndépendant", "une âme sublime", des qualités ou attributs
auxquels pouvait aspirer Simón Rodríguez , qui avait alors vingt et un ans et
la réputation d'être le meilleur instituteur de la ville."
Pour que le disciple
développât les potentialités, le tuteur se voua, comme le disait Rousseu [9] dans Emile ou de l'Education,
à la "difficile tâche de ne rien lui apprendre" afin qu'il pût demeurer
dans son "état naturel". D'autre part, persuadé de la vérité de l'axiome rousseaunien selon
lequel "la raison du savant habituellement s'associe à la vigueur de
l'athlète", Rodriguez prolongea les séjours de son disciple à la campagne
et réussit à développer à merveille les aptitudes physiques du futur
Libérateur. En effet, celui-ci devint un
marcheur infatigable, un
extraordinaire chevalier et un nageur audacieux, avec qui, comme le remarque
Mancini [10], "ne réussit jamais à concourir aucun
de ses camarades d'armes."
Concernant l'influence
exercée par Simón Rodríguez pendant la jeunesse de Bolivar, le Libérateur fit
lui-même un important rapport. Dans une lettre adressée de Paris à sa cousine
Fanny D'Ervieu de Villars, en 1804, Bolivar avoue que ce fut Simón Rodriguez
qui le délivra de l'état de dépression où il se trouvait après la mort de sa
femme Maria Teresa Rodriguez de Toro, survenue en 1803. Ce fut le maître qui
lui fit voir que la lutte pour la libération de l'Amérique espagnole serait un dessein
qui donnerait du sens à sa vie. [11]. En 1805, maître et
disciple voyagerènt en Italie, et sur le Monte Sacro, à Rome, Bolivar prononça
devant Rodríguez le fameux serment où il
s'engageait à libérer les peuples hispano-américains . [12].
Par rapport à l'influence
exercée par Símon Rodríguez sur la maturité du Libérateur, la lettre qu'il
envoya à son maître en 1804 en est très éclairante. Rodríguez venait de
retourner en Ibéro-Amérique, après avoir vécu 20 ans en Europe. En voilà un
extrait: "Mon maître! mon ami! mon Robinson! Vous en Colombie! Vous à
Bogotá et vous ne m'avez rien dit, rien écrit ! Il est hors de doute que vous
êtes l'homme (...) le plus extraordinaire du monde (...). Personne autant que
moi sait combien vouz aimez notre Colombie idolâtrée. (...) Vous souvenez-vous
du jour où nous sommes allés sur le Monte Sacro, à Rome, promettre sur cette
terre sainte la liberté de la Patrie? (...) Vous, mon maître, ce que vous avez
dû m'observer de près, quoique placé à une si lointaine distance! Avec quel
interêt vous avez dû suivre mes pas, conduits bien avant par vous même. (...)
Vous ne pouvez pas imaginer combien sont enfoncés dans mon coeur vos
enseignements: je n'ai pas réussi à effacer même pas une virgule des grandes
maximes dont vous m'avez fait cadeau: toujours présentes devant mes yeux, je
les suis comme des guides infaillibles. (...) J'impatiente de connaître vos
projets au sujet de tout.(...) Vous contemplerez avec enchantement l'immense
patrie qui est sculptée dans le rocher du despotisme par le burin victorieux
des libérateurs, vos frères. (...) Venez a Chimborazo. Profanez de votre pied
audacieux l'escalier des Titans, la couronne de la Terre, la tour inaccessible
de l 'Univers Nouveau. (...) Ami de la nature, venez l'interroger sur sa vie, sur
son essence primitive. (...) Là-bas (en Europe) , elle est pliée sous le poids
des années , des maladies et de l'haleine pestilentielle des hommes: ici , elle
est pucelle, immaculée, belle, touchée par la main du Créateur. " [13].
Le Libérateur voulut
que son maître repandît la lumière de ses connaissances sur les pays récemment
libres. Dans le Haut Pérou (Bolivie), Simón Rodríguez a essayé de développer
ses "écoles-modèles", ou s'accomplirait l'idéal d'un "socialisme
pédagogique", dont l'objectif était de transformer les enfants abandonnés
en des citoyens libres. L'intention de cette entreprise , le remarquait
Rodríguez , "n'était pas de remplir le pays d'artisans rivaux ou miséreux
, mais de les cultiver et les habituer
au travail pour qu'ils devinssent des hommes productifs, leur donner des terres
et les appuyer dans leurs entreprises. Il s'agissait de coloniser le pays avec
ses propres habitants. On donnait instruction et métier aux femmes pour
qu'elles ne se prostituissent pas par besoin , ni fissent du mariage une
affaire qui garantît leurs nécessités." [14]. L'initiative de Rodríguez
n'a pas eu de suite, d'une part à cause de son manque d'esprit pratique, et
d'autre part à cause des intrigues des oligarquies, desquelles , d'ailleurs ,
le Libérateur lui-même fut vicitme, mis à l'écart de la vie publique pendant
ses dernières années. [15]. Maître et disciple eurent
donc une fin de vie d'incompréhension, comme l'avait eu aussi le génial
inspirateur des deux, "l'homme qui croyait en l'homme", Rousseau,
pour répéter le titre bien trouvé de l'oeuvre de Vincent Howlet [16].
2-Le Disciple
S'il est certain que la
formation de Simón Bolivar subit, comme nous l'avons vu, la remarquable
influence de son tuteur et maître, Simón Rodríguez, on ne peut pourtant pas
affirmer qu'elle se bornait aux idéaux humanistiques rousseauniens de son
"Robinson". Il eut aussi chez le Libérateur la formation militaire.
Pour compenser la formation hétérodoxe et romantique que le tuteur accordait à
l'adolescent, son soucieux oncle, don Carlos Palacios décida de l'inscrire en
tant qu'aspirant au Bataillon de Volontaires d'Aragua, celui où le père du
jeune homme avait été jadis. Entre 1797 et 1798, pendant 13 mois, le futur Libérateur reçut sa formation militaire. Comme le
signale Sandoval Franky [17] "(...) désormais,
jusqu'à sa mort, ce serait son activité la plus glorieuse, peut-être son
exclusif et vrai métier."
Dans la personnalité de
Bolivar le caractère militaire était évident. "La guerre est mon élément;
les dangers ma gloire", dirait-il plus tard. Mêlées d'une ironie
mélancolique, écrivait-il ces lignes au général Santander: "Etant
l'organisation de cette République un fait aussi sublime et moi même si
profondément soldat, je ne serais pas capable de manipuler des touches aussi
délicates." "Hors de l'armée,
disait-il ailleurs, je suis deplacé de mon centre." Et encore une autre
assez éloquente: "Soldat par besoin et par penchant, mon sort est tracé
dans le champ ou dans la caserne." Ou alors, une autre: "Mon horrible
métier militaire m'a forcé à former une conscience de soldat et un bras robuste
qui ne peut manier le bâton au lieu de l’épée” [18]. Si les idéaux
humanistiques et civiques furent abreuvés dans la source rousseaunienne, son
archétype militaire fut Napoléon. Comme le remarque Mancini [19], "il
ne lui fut pas possible de s'échapper à l'influence des deux hommes dont la
pensée et dont l'action dominèrent le siècle; et ce fut à Jean-Jacques et à
Napoléon que Bolivar demanda des leçons et des exemples." Malgré l'admiration
que le Libérateur avait pour le héros de France à l'époque de la signature du
Traité d'Amiens en 1802 [20], au moment du couronnement
du Grand Général, en 1804, Bolivar conclut qu'il avait trahi les idéaux
républicains. Et il avoua quelques
années plus tard au général Tomás Cipriano de Mosquera [21]: "Après être devenu
roi, la gloire de Napoléon même me parut le resplendissement de l'enfer, les
flammes du volcan qui recouvrait la prison du monde."
Désormais, l'archétype
militaire que représentait Napoléon était soumis, pour Bolivar, à la
préversation de l'idéal républicain prêché par Rousseau, centré sur la
sauvegarde du salut publique dans un moment de crise de légitimité, comme celui
que vivaient les nations hispano-américaines.
Le principe qui inspira
la "geste" révolutionaire de Bolivar fut, sans doute, celui que
Rousseau exposa [22] dans son Contrat Social: "Seuls les plus
grands dangers peuvent contrebalancer
(le pouvoir) d'altérer l'ordre public, et on ne doit jamais suspendre le
pouvoir sacré des lois, sauf quand il s'agit du salut de la patrie. Dans ces
rares et évidentes occasions, on assure
la sécurité publique par un acte particulier qui confie le poste au plus digne
(...), on nomme un chef suprême qui doit faire éteindre toutes les lois, en suspendant
la volonté générale, il étant évident que le premier dessein du peuple est
d'éviter l'anéantissement de l'État." Ce fut ce principe, par exemple, qui
mena Bolivar à accepter d'exercer la dictature au Venezuela, en 1814 et au
Pérou en 1824. Mais l'inspiration rousseaunienne du Libérateur ne s'arrêtait
pas là. Une fois garantie l'indépendance et la liberté aux nations
hispano-américaines, le Libérateur aspira au suprême idéal roussseaunien:
incarner la figure du Législateur, "(...) individu unique (...), être
extraordinaire, inspiré et quasi divin, capable de donner à un peuple, au point
de départ, à l'origine de sa vie politique, son système de législation, ses
lois essentielles, fondamentales, source d'institutions durables" [23].
De cette façon, l'aspect
fondamental du Bolivar homme politique fut celui du Législateur qui pensa les
fondements légaux du pacte social, qui garantirait la liberté et l'égalité aux
nations nouvellement libérées du pouvoir espagnol. Il est évident que la
conception constitutionnelle du Libérateur ne se basait pas seulement sur les
principes rousseauniens. Ses inspirateurs furent aussi Locke, Montesquieu,
Sieyès et les constitutionalistes anglo-américains. Le projet de constitution
présenté par Bolivar au Congrès d'Angostura (1819) laisse voir ces influences
dans les huit propositions qu'il contient: 1) forme républicaine de l'Etat; 2)
souverainété nationale materialisée par les représentants de la nation élus au
suffrage censitaire; 3) adoption du partage des pouvoirs publics, qui devraient
être quatre: exécutif, législatif, judiciaire et moral; 4) adoption des droits
individuels et des libertés publiques, conformément aux expériences
nord-américaine et française; 5) abolition de l'esclavage et des titres
nobiliaires; 6) organisation politique et administrative basée sur le principe
centraliste; 7) adoption du modèle présidentiel américain, ayant un pouvoir
exécutif monocratique contrôlée par un législatif de deux chambres; 8) création
d'un pouvoir moral ayant la tâche de garantir une éducation fondamentale civique pour les
citoyens [24].
On peut donc conclure
que l'influence de Rousseau est la plus remarquable en ce qui concerne les
convictions constitutionnelles de Bolivar, puisque c'est sur la philosophie
politique du génébrien que se fonde l'aspect le plus original de la proposition
bolivarienne: l'idée du pouvoir moral. Bolivar
voulait, à partir de ce pouvoir, donner naissance au "régime de la
vertu" prêché par Rousseau dans son Contrat
Social. Cela consistait, fondamentalement, à bannir les interêts privés
pour qu'émergissent le bien public et la volonté générale, indivisible,
infaillible, absolue, inaliénable, sacrée et inviolable.
Ce passage du discours
prononcé par Bolivar à Angostura en 1819 dévoile son inspiration
rousseaunienne: "Pour retirer du chaos notre jeune République, toutes nos
facultés morales ne seront pas suffisantes si on ne fond pas la foule populaire
en un tout, la composition du gouvernement en un tout, la législation en un
tout, et l'esprit national en un tout. Unité , unité, unité, cela doit être notre consigne (...). L'éducation
populaire doit être le soucis aîné de l'amour paternel du Congrès. Morale et
lumières sont deux pôles d'une République, morale et lumières sont nos premiers
besoins. Prenons d'Athènes son Aréopague et les gardiens des moeurs et des
lois; prenons de Rome ses censeurs et ses tribunaux domestiques, et en formant
une Sacrée Alliance de ces institutions morales, renouvelons dans le monde
l'idée d'un peuple auquel il ne suffit pas d'être libre et fort, mais qui veut
aussi être vertueux. Prenons d'Esparte ses austères établissements, et formant,
à partir de ces trois torrents, une source de vertu, donnons à notre République
un quatrième pouvoir dont le domaine soit l'enfance et le coeur des hommes,
l'esprit public, les bonnes moeurs et la morale républicaine. Constituons ce
Aréopague pour qu'il veuille sur l'éducation des enfants, sur l'instruction
nationale, pour qu'il purifie ce qui a été corrompu dans la République (...).
Le pouvoir de ce Tribunal vraiment sacré doit être effectif par rapport à
l'éducation et à l'instruction, en même temps il doit donner son opinion sur
les pénalités et châtiments. Mais ses annales ou notations, où sont inscrites
ses décisions, les principes moraux et les actes des citoyens, seront les
livres de la vertu et du vice. Des livres d'enquête du peuple pour ses choix,
des Magistrats pour leurs décisions et des juges pour leurs jugements
(...)" [25].
A la lecture de ces
paroles, on conclut qu'il n'y a pas d'exagération de la part des biographes du
Libérateur (comme Mancini, par example) quand il dit que les oeuvres de
Rousseau "constituent (...) en toute occasion, sa lecture préférée. Il
prend des Discours le fond de son vocabulaire jusqu'à ce qu'en
lisant Bolivar on croit, parfois, lire une traduction de Rousseau. Quand il
s'agit de célébrer par des fêtes les premiers exploits des armées libératrices,
il s'adresse à Lettre sur les spectacles.
Le Contrat Social, ‘phare des législateurs’,
est son code en matière de politique, ainsi que la Profession de foi du vicaire savoyard lui sert de réligion." [26].
Pourtant, ce ne fut pas
seulement Bolivar homme politique ou législateur qui révela l'influence
rousseaunienne. Elle se révela aussi, de façon remarquable, chez Bolivar
éducateur, pour qui le processus éducationnel consistait dans
"l’endurcissement du corps en tant que support de l'esprit" [27]. L'influence rousseaunienne
se manifeste également chez Bolivar romantique qui aime les femmes et la vie du
bon sauvage et qui se lasse de la
vieille Europe. À Fanny de Villars, dont il s'éprit à Paris, le jeune Bolivar
écrivait en 1807: "Je vais chercher un autre mode de vie, je sens du
dégoût envers l'Europe et ses vieilles sociétés. Je retourne en Amérique. Que
ferai-je là-bas? (....) Je l'ignore.(...). Vous savez que chez moi tout est
spontané et que je ne fais jamais de projets. La vie du sauvage a pour moi
beaucoup d'enchantements. Il est probable que je construise une chaumière
entourée des beaux bois du Venezuela (...)" [28]. Un autre trait romantique du
Libérateur qui l'approche de Rousseau, on le trouve dans la mystique
révolutionnaire qui l'inspira et qui le mena à proférer, en 1805, sur le Monte
Sacro, à Rome, le serment de libération de sa patrie [29]. Côté romantique aussi est
sans doute son admiration rousseaunienne de la nature, dont la manifestation
est perçue dans son extraordinaire "Délire sur Chimborazo" (1824) [30], ainsi que
la séduction et la magnétisme de sa personnalité, qui, sans aucun doute,
rappellent à la fois le héros à la
Rousseau et le charisme napoléonien [31].
Comme Rousseau et aussi
comme son maître Simón Rodríguez, Bolivar ne fut point compris à la fin de sa
vie. Les
paroles, écrites peu avant sa mort, à son amie Fanny de Villars, en donnent la
preuve: "(...) Je meurs méprisé, proscrit, détésté par ceux mêmes qui ont
profité de mes faveurs; victime d'énorme douleur, captif d'innombrables
amertumes. Je te laisse mes souvenirs, mes tristesses et les larmes que mes
yeux n'ont pas réussi à verser" [32].
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La version de ce travail a été executée par MARIA LÚCIA VIANA. L’Auteur lui consigne ici ses remerciements. Juiz de Fora, (Minas
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[1]Cf. SÁNCHEZ VÁSQUEZ, Adolfo.Rousseau en México. Mexico:
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y conservatismo en América Latina .Bogotá: Tercer Mundo/Université de
Medellín, 1978 . Du même auteur, A propaganda republicana.
2ème édition. Rio de Janeiro: Université Gama Filho, 1994. ARCINIEGAS, Germán. Bolivar y la revolución. Bogotá:
Planeta, 1984.
[2]Cf. LIÉVANO AGUIRRE, Indalecio. Bolivar. 6ème édition. Bogotá: La
Oveja Negra, 1987, pgs. 15-22.
[3]Cf. FRANCOVICH, Guillermo. “Un mago
de la ortografía”. In:Ultima Hora,
La Paz, 31/08/83, p. 2.
[4]In CASTRO, Moacyr Werneck de. Bolivar (1783-1830). São Paulo: Ed. Três, 1973, p. 22.
[5]In CASTRO, Moacyr Werneck de, op. cit.,, ibid.
[6]FRANCOVIC, Guillermo. La filosofia en Bolivia. Buenos
Aires: Losada, 1945, p. 75.
[7] COVA, J. A. El superhombre: vida y obra del Libertador. (Prologue de R.
Goménez Oreamuno). 3ème édition.
Caracas: Novedades, 1943
[8] MANCINI, Jules.op. cit., p. 118.
[9] ROUSSEAU, Jean-Jacques. Obras I. (Plan, intr. et notes
par P. Arbousse-Bastide, traduction d L. Santos Machado), Porto Alegre: Globo,
p. 65.
[10] MANCINI, Ob. cit., p. 118.
[11] BOLIVAR, Simon.Cartas de Bolivar, 1799 a 1822. (Intr. de J. E. Rodó; notes
de R. Blanco-Fombona). Paris/Buenos Aires: Louis Michaoud, 1912, pp. 41-42.
[12] MANCINI, Jules. Ob. cit., p. 150.
[13] Apud MANCINI, Jules, ob.
cit., pp. 154-155.
[14] Apud FRANCOVICH, Guillermo. La filosofia en Bolivia. op.
cit., p. 79
[15] Cf. FRANCOVICH, Guillermo,
“Contrastes (Diálogo)”.Ultima Hora,
La Paz, 24/12/84, p. 2; GARCÍA-MÁRQUEZ, Gabriel.El general en su laberinto, Bogotá: La Oveja Negra, 1989
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[16] HOWLETT, Marc-Vincent,L’Homme qui croyait en l’Homme:
Jean-Jacques Rousseau. Paris: Gallimard, 1994.
[17] SANDOVAL-FRANKY, Jairo.Simon Bolivar: sus años formativos.
Bogotá: Plaza & Janés, 1991, p. 40.
[18] Apud SANDOVAL-FRANKY, Jairo. Simon Bolivar: sus años formativos, op.
cit., ibid.
[19] MANCINI, Jules. Bolívar y la emancipación de las colonias
españolas desde los orígenes hasta 1815. Op. cit., p. 151.
[20] Cf. COVA, J. A. El superhombre: vida y obra del Libertador.
Op. cit., p.49.
[21] MOSQUERA, Tomás Cipriano de. Memoria sobre la vida del general Simon
Bolivar, Libertador de Colombia, Perú y Bolivia. (Intr. de M.
González). Bogotá: Instituto Colombiano de Cultura, 1977, p. 39.
[22] ROUSSEAU, Jean-Jacques.Obras II. (Plan et notes par P.
Arbousse-Bastide; traduction de L. Gomes Machado). Porto Alegre: Globo, 1962,
p. 150.
[23] CHEVALLIER, Jean-Jacques. As
grandes obras políticas de Maquiavel a nossos dias. (Trad. de L.
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[24] ROZO ACUÑA, Eduardo. Bolivar: Pensamiento constitucional.Bogotá: Universidad Externado de
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[25] BOLIVAR, Simon. Ensayos políticos. (Selection et
notes par G. Soriano). Madrid: Alianza Editorial, 1971 pp. 116-117.
[26] MANCINI, Jules. Bolivar y la emancipación de las colonias
españolas desde los orígenes hasta 1815. Op. cit., p. 151.
[27] Apud ACEVEDO CARMONA, Jairo. Bolivar
Libertador y Educador de América. Medellín: Universidad de Antioquia,
1989, p. 26.
[28] Apud GAITÁN DE PARÍS, Blanca. La mujer en la vida del Libertador.
2ème édition. Bogotá: Sociedad Bolivariana de Colombia, 1991, p. 43.
[29] Cf. MANCINI, Jules.Bolivar y la emancipación de las colonias
españolas desde los orígenes hasta 1815. Op. cit., pp. 149-150.
[30] Cf. MANCINI, Jules, op. cit., pp. 148-149;
ARCINIEGAS, Germán. Bolivar y la
revolución. op. cit., p. 57.
[31] Cf. NOGUERA-MENDOZA, Anibal et
Flavio DE CASTRO. (Organisateurs). Aproximación
al Libertador: Testimonios de su época. Bogotá: Academia Colombiana de
Historia/Plaza & Janés, 1983, pp. 83, 137, 168.
[32] In: CASTRO, Moacyr Werneck de. Bolivar (1783-1830). São Paulo: Edit. Três, 1973, p. 275.
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