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segunda-feira, 14 de dezembro de 2015

L'influence de Rousseau sur la formation et sur la vie de Simon Bolivar

            Este texto foi publicado nos Anais do Congresso sobre Jean-Jacques Rousseau ocorrido en Montmorency, França, no final de 1995.
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O filósofo Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), inspirador de Simon Bolívar.

La présence des idéaux rousseauniens est indéniable dans les luttes d'indépendance des  plusieurs pays ibéro-américains [1]. Mon but dans ce travail est de montrer l'inspiration exercée par le philosophe de Génève sur l'une des plus expressives personnalités du monde ibéro-américain: le Libérateur Simón Bolivar (1783-1830). Je développerai deux aspects de cette inspiration: premièrement, le Maître, où je releverai la façon dont la pensée rousseaunienne inspira le tuteur et maître de Bolivar, don Simón Rodríguez (1771-1854) et comment celui-là  marqua la formation intellectuelle du Libérateur; deuxièmement, le Disciple, où j'analyserai l'influence de Rousseau sur Bolivar.
1- Le Maître
            Simón Rodríguez fut, sans doute, l'éducateur qui exerça la plus grande influence sur la formation de la personnalité du Libérateur Simón Bolivar. Rodriguez naquit à Caracas et décéda à Amotape , petit village du Département de Piura (Pérou) [2].
            Si quelqu'un un jour réussit à incarner  fidèlement l'idéal de vie et de conception humanistique prêchés par Jean- Jacques Rousseau, ce fut Simón Rodríguez. Il reproduisit  dans sa vie et dans ses enseignements  les  idéaux rousseauniens de la théorie de la bonté naturelle de l'homme et du contrat social, d'autodidactisme, de rapport étroit entre nature et société, de morale basée sur la liberté, de  triomphe du sentiment sur la raison. [3].
            Simón Rodríguez subit également l'influence d"Holbach (1723-1789) et de Saint-Simon (1760-1825). Du premier, l'éducateur de Bolívar prit la valorisation du savoir scientifique et experimental de la nature, une influence qui, d'ailleurs, il avait aussi reçu de Rousseau. Du deuxième, il prit les idéaux socialistes, fondés sur l'idée rousseaunienne d'égalité. La philosophie qui eut donc plus d'influence chez Rodríguez fut celle de Rousseau.
            Comme le philosophe de Génève, Simón Rodriguez fut un penseur itinérant. "Je ne veux pas être, disait-il, comme les arbres, qui étendent leurs racines dans un endroit pour ne plus le quitter. Le vent, l'eau, le soleil, tout ce qui bouge et ne s'arrête jamais, c'est cela la vie pour moi." [4]. Bolivar lui-même ainsi définit la personnalité itinérante et cosmopolite de son maître et ami: "C'est le meilleur homme du monde, pourtant, puisque que c'est un philosophe cosmopolite, il n'a ni patrie, ni foyer, ni famille, ni rien d'autre." [5]. Dans sa conduite le maître de Bolivar était aussi totalement rousseaunien: autodidacte, ce qui a été déjà signalé, amant de la nature, défenseur infatigable des opprimés, réformateur audacieux  des  méthodes pédagogiques , il s'agissait d'une personnalité polyfacétique, difficile à être insérée dans un système de réflexion ou d'un stablishment. Cette originalité naturelle le mena à changer de nom, ayant adopté celui de "Samuel Robinson". Guillermo Francovich[6] a ainsi synthétisé la figure de Rodríguez: "La personnalité du ‘Maître du Libérateur’, Simon Rodríguez, est l'une des plus originales de l'histoire américaine. On connaît beaucoup d'anecdotes sur lui, grâce auxquelles , s'il avait été né en Grèce classique, il aurait certainement mérité de figurer dans la galérie des ‘philosophes illustres’ de Diogènes Laerce, à côté des maîtres de la pensée cynique et sceptique. Malgré son apparente excentricité, Simón Rodriguez fut un esprit profondement humain et toujours préoccupé des problèmes du bien-être social."
            J. A. Cova [7] à son tour, identifie Rodriguez comme étant une espèce de copie de Rousseau: "Les excentricités, les faiblesses ou les manies de l'angoissé auteur des Confessions, revivent incorporées au "dromomane" impénitent, au precepteur systématique, au sophiste et au poète hypocondriaque."
            Le contact de Simón Rodríguez avec Bolivar se fit en trois moments: pendant l'adolescence de son disciple, entre ses 11 et 14 ans (1794-1797), pendant sa jeunesse, à 21 ans (1804-1805) et, finalement, vingt ans après, quand Bolivar était déjà le Libérateur de cinq pays. En tous ces moments, l'influence du maître sur son disciple fut décisive.
            Concernant l'influence exercée par Rodriguez sur Bolivar adolescent, Jules Mancini [8] nous rapporte: "Investi de totale autorité sur son disciple favori, Rodriguez a alors pensé pouvoir réaliser un projet spécialement cher à son coeur, celui de mettre sur pied le système d'éducation prôné par Rousseau. Le garçon qu'on lui avait confié était, tel qu'Emile, "riche", "de grande lignée", "orphelin", "robuste" et "sain". En même temps, Rodriguez ne réalisait-il pas l'idéal du précepteur rêvé par Jean-Jacques? "Jeune", "prudent", "célibataire" et ïndépendant", "une âme sublime", des qualités ou attributs auxquels pouvait aspirer Simón Rodríguez , qui avait alors vingt et un ans et la réputation d'être le meilleur instituteur de la ville."
            Pour que le disciple développât les potentialités, le tuteur se voua, comme le disait Rousseu [9] dans Emile ou de l'Education, à la "difficile tâche de ne rien lui apprendre" afin qu'il pût demeurer dans son "état naturel". D'autre part, persuadé  de la vérité de l'axiome rousseaunien selon lequel "la raison du savant habituellement s'associe à la vigueur de l'athlète", Rodriguez prolongea les séjours de son disciple à la campagne et réussit à développer à merveille les aptitudes physiques du futur Libérateur. En effet, celui-ci devint  un marcheur infatigable, un extraordinaire chevalier et un nageur audacieux, avec qui, comme le remarque Mancini [10], "ne réussit jamais à concourir aucun de ses camarades d'armes."
            Concernant l'influence exercée par Simón Rodríguez pendant la jeunesse de Bolivar, le Libérateur fit lui-même un important rapport. Dans une lettre adressée de Paris à sa cousine Fanny D'Ervieu de Villars, en 1804, Bolivar avoue que ce fut Simón Rodriguez qui le délivra de l'état de dépression où il se trouvait après la mort de sa femme Maria Teresa Rodriguez de Toro, survenue en 1803. Ce fut le maître qui lui fit voir que la lutte pour la libération de l'Amérique espagnole serait un dessein qui donnerait du sens à sa vie. [11]. En 1805, maître et disciple voyagerènt en Italie, et sur le Monte Sacro, à Rome, Bolivar prononça devant Rodríguez  le fameux serment où il s'engageait à libérer les peuples hispano-américains . [12].
            Par rapport à l'influence exercée par Símon Rodríguez sur la maturité du Libérateur, la lettre qu'il envoya à son maître en 1804 en est très éclairante. Rodríguez venait de retourner en Ibéro-Amérique, après avoir vécu 20 ans en Europe. En voilà un extrait: "Mon maître! mon ami! mon Robinson! Vous en Colombie! Vous à Bogotá et vous ne m'avez rien dit, rien écrit ! Il est hors de doute que vous êtes l'homme (...) le plus extraordinaire du monde (...). Personne autant que moi sait combien vouz aimez notre Colombie idolâtrée. (...) Vous souvenez-vous du jour où nous sommes allés sur le Monte Sacro, à Rome, promettre sur cette terre sainte la liberté de la Patrie? (...) Vous, mon maître, ce que vous avez dû m'observer de près, quoique placé à une si lointaine distance! Avec quel interêt vous avez dû suivre mes pas, conduits bien avant par vous même. (...) Vous ne pouvez pas imaginer combien sont enfoncés dans mon coeur vos enseignements: je n'ai pas réussi à effacer même pas une virgule des grandes maximes dont vous m'avez fait cadeau: toujours présentes devant mes yeux, je les suis comme des guides infaillibles. (...) J'impatiente de connaître vos projets au sujet de tout.(...) Vous contemplerez avec enchantement l'immense patrie qui est sculptée dans le rocher du despotisme par le burin victorieux des libérateurs, vos frères. (...) Venez a Chimborazo. Profanez de votre pied audacieux l'escalier des Titans, la couronne de la Terre, la tour inaccessible de l 'Univers Nouveau. (...) Ami de la nature, venez l'interroger sur sa vie, sur son essence primitive. (...) Là-bas (en Europe) , elle est pliée sous le poids des années , des maladies et de l'haleine pestilentielle des hommes: ici , elle est pucelle, immaculée, belle, touchée par la main du Créateur. " [13].
            Le Libérateur voulut que son maître repandît la lumière de ses connaissances sur les pays récemment libres. Dans le Haut Pérou (Bolivie), Simón Rodríguez a essayé de développer ses "écoles-modèles", ou s'accomplirait l'idéal d'un "socialisme pédagogique", dont l'objectif était de transformer les enfants abandonnés en des citoyens libres. L'intention de cette entreprise , le remarquait Rodríguez , "n'était pas de remplir le pays d'artisans rivaux ou miséreux , mais de les cultiver  et les habituer au travail pour qu'ils devinssent des hommes productifs, leur donner des terres et les appuyer dans leurs entreprises. Il s'agissait de coloniser le pays avec ses propres habitants. On donnait instruction et métier aux femmes pour qu'elles ne se prostituissent pas par besoin , ni fissent du mariage une affaire qui garantît leurs nécessités." [14]. L'initiative de Rodríguez n'a pas eu de suite, d'une part à cause de son manque d'esprit pratique, et d'autre part à cause des intrigues des oligarquies, desquelles , d'ailleurs , le Libérateur lui-même fut vicitme, mis à l'écart de la vie publique pendant ses dernières années. [15]. Maître et disciple eurent donc une fin de vie d'incompréhension, comme l'avait eu aussi le génial inspirateur des deux, "l'homme qui croyait en l'homme", Rousseau, pour répéter le titre bien trouvé de l'oeuvre de Vincent Howlet [16].
2-Le Disciple
            S'il est certain que la formation de Simón Bolivar subit, comme nous l'avons vu, la remarquable influence de son tuteur et maître, Simón Rodríguez, on ne peut pourtant pas affirmer qu'elle se bornait aux idéaux humanistiques rousseauniens de son "Robinson". Il eut aussi chez le Libérateur la formation militaire. Pour compenser la formation hétérodoxe et romantique que le tuteur accordait à l'adolescent, son soucieux oncle, don Carlos Palacios décida de l'inscrire en tant qu'aspirant au Bataillon de Volontaires d'Aragua, celui où le père du jeune homme avait été jadis. Entre 1797 et 1798, pendant 13 mois, le futur Libérateur  reçut sa formation militaire. Comme le signale Sandoval Franky [17] "(...) désormais, jusqu'à sa mort, ce serait son activité la plus glorieuse, peut-être son exclusif et vrai métier."
            Dans la personnalité de Bolivar le caractère militaire était évident. "La guerre est mon élément; les dangers ma gloire", dirait-il plus tard. Mêlées d'une ironie mélancolique, écrivait-il ces lignes au général Santander: "Etant l'organisation de cette République un fait aussi sublime et moi même si profondément soldat, je ne serais pas capable de manipuler des touches aussi délicates."  "Hors de l'armée, disait-il ailleurs, je suis deplacé de mon centre." Et encore une autre assez éloquente: "Soldat par besoin et par penchant, mon sort est tracé dans le champ ou dans la caserne." Ou alors, une autre: "Mon horrible métier militaire m'a forcé à former une conscience de soldat et un bras robuste qui ne peut manier le bâton au lieu de l’épée” [18]. Si les idéaux humanistiques et civiques furent abreuvés dans la source rousseaunienne, son archétype militaire fut Napoléon. Comme le remarque Mancini [19], "il ne lui fut pas possible de s'échapper à l'influence des deux hommes dont la pensée et dont l'action dominèrent le siècle; et ce fut à Jean-Jacques et à Napoléon que Bolivar demanda des leçons et des exemples." Malgré l'admiration que le Libérateur avait pour le héros de France à l'époque de la signature du Traité d'Amiens en 1802 [20], au moment du couronnement du Grand Général, en 1804, Bolivar conclut qu'il avait trahi les idéaux républicains. Et il avoua  quelques années plus tard au général Tomás Cipriano de Mosquera [21]: "Après être devenu roi, la gloire de Napoléon même me parut le resplendissement de l'enfer, les flammes du volcan qui recouvrait la prison du monde."
            Désormais, l'archétype militaire que représentait Napoléon était soumis, pour Bolivar, à la préversation de l'idéal républicain prêché par Rousseau, centré sur la sauvegarde du salut publique dans un moment de crise de légitimité, comme celui que vivaient les nations hispano-américaines.
            Le principe qui inspira la "geste" révolutionaire de Bolivar fut, sans doute, celui que Rousseau exposa [22] dans son  Contrat Social: "Seuls les plus grands dangers peuvent contrebalancer  (le pouvoir) d'altérer l'ordre public, et on ne doit jamais suspendre le pouvoir sacré des lois, sauf quand il s'agit du salut de la patrie. Dans ces rares et évidentes occasions, on  assure la sécurité publique par un acte particulier qui confie le poste au plus digne (...), on nomme un chef suprême qui doit faire éteindre toutes les lois, en suspendant la volonté générale, il étant évident que le premier dessein du peuple est d'éviter l'anéantissement de l'État." Ce fut ce principe, par exemple, qui mena Bolivar à accepter d'exercer la dictature au Venezuela, en 1814 et au Pérou en 1824. Mais l'inspiration rousseaunienne du Libérateur ne s'arrêtait pas là. Une fois garantie l'indépendance et la liberté aux nations hispano-américaines, le Libérateur aspira au suprême idéal roussseaunien: incarner la figure du Législateur, "(...) individu unique (...), être extraordinaire, inspiré et quasi divin, capable de donner à un peuple, au point de départ, à l'origine de sa vie politique, son système de  législation, ses lois essentielles, fondamentales, source d'institutions durables" [23].
            De cette façon, l'aspect fondamental du Bolivar homme politique fut celui du Législateur qui pensa les fondements légaux du pacte social, qui garantirait la liberté et l'égalité aux nations nouvellement libérées du pouvoir espagnol. Il est évident que la conception constitutionnelle du Libérateur ne se basait pas seulement sur les principes rousseauniens. Ses inspirateurs furent aussi Locke, Montesquieu, Sieyès et les constitutionalistes anglo-américains. Le projet de constitution présenté par Bolivar au Congrès d'Angostura (1819) laisse voir ces influences dans les huit propositions qu'il contient: 1) forme républicaine de l'Etat; 2) souverainété nationale materialisée par les représentants de la nation élus au suffrage censitaire; 3) adoption du partage des pouvoirs publics, qui devraient être quatre: exécutif, législatif, judiciaire et moral; 4) adoption des droits individuels et des libertés publiques, conformément aux expériences nord-américaine et française; 5) abolition de l'esclavage et des titres nobiliaires; 6) organisation politique et administrative basée sur le principe centraliste; 7) adoption du modèle présidentiel américain, ayant un pouvoir exécutif monocratique contrôlée par un législatif de deux chambres; 8) création d'un pouvoir moral ayant la tâche de garantir une  éducation fondamentale civique pour les citoyens [24].
            On peut donc conclure que l'influence de Rousseau est la plus remarquable en ce qui concerne les convictions constitutionnelles de Bolivar, puisque c'est sur la philosophie politique du génébrien que se fonde l'aspect le plus original de la proposition bolivarienne: l'idée du pouvoir moral. Bolivar  voulait, à partir de ce pouvoir, donner naissance au "régime de la vertu" prêché par Rousseau dans son Contrat Social. Cela consistait, fondamentalement, à bannir les interêts privés pour qu'émergissent le bien public et la volonté générale, indivisible, infaillible, absolue, inaliénable, sacrée et inviolable.
            Ce passage du discours prononcé par Bolivar à Angostura en 1819 dévoile son inspiration rousseaunienne: "Pour retirer du chaos notre jeune République, toutes nos facultés morales ne seront pas suffisantes si on ne fond pas la foule populaire en un tout, la composition du gouvernement en un tout, la législation en un tout, et l'esprit national en un tout. Unité , unité, unité, cela doit être notre consigne (...). L'éducation populaire doit être le soucis aîné de l'amour paternel du Congrès. Morale et lumières sont deux pôles d'une République, morale et lumières sont nos premiers besoins. Prenons d'Athènes son Aréopague et les gardiens des moeurs et des lois; prenons de Rome ses censeurs et ses tribunaux domestiques, et en formant une Sacrée Alliance de ces institutions morales, renouvelons dans le monde l'idée d'un peuple auquel il ne suffit pas d'être libre et fort, mais qui veut aussi être vertueux. Prenons d'Esparte ses austères établissements, et formant, à partir de ces trois torrents, une source de vertu, donnons à notre République un quatrième pouvoir dont le domaine soit l'enfance et le coeur des hommes, l'esprit public, les bonnes moeurs et la morale républicaine. Constituons ce Aréopague pour qu'il veuille sur l'éducation des enfants, sur l'instruction nationale, pour qu'il purifie ce qui a été corrompu dans la République (...). Le pouvoir de ce Tribunal vraiment sacré doit être effectif par rapport à l'éducation et à l'instruction, en même temps il doit donner son opinion sur les pénalités et châtiments. Mais ses annales ou notations, où sont inscrites ses décisions, les principes moraux et les actes des citoyens, seront les livres de la vertu et du vice. Des livres d'enquête du peuple pour ses choix, des Magistrats pour leurs décisions et des juges pour leurs jugements (...)" [25].
            A la lecture de ces paroles, on conclut qu'il n'y a pas d'exagération de la part des biographes du Libérateur (comme Mancini, par example) quand il dit que les oeuvres de Rousseau "constituent (...) en toute occasion, sa lecture préférée. Il prend des Discours  le fond de son vocabulaire jusqu'à ce qu'en lisant Bolivar on croit, parfois, lire une traduction de Rousseau. Quand il s'agit de célébrer par des fêtes les premiers exploits des armées libératrices, il s'adresse à Lettre sur les spectacles. Le Contrat Social, ‘phare des législateurs’, est son code en matière de politique, ainsi que la Profession de foi du vicaire savoyard  lui sert de réligion." [26].
            Pourtant, ce ne fut pas seulement Bolivar homme politique ou législateur qui révela l'influence rousseaunienne. Elle se révela aussi, de façon remarquable, chez Bolivar éducateur, pour qui le processus éducationnel consistait dans "l’endurcissement du corps en tant que support de l'esprit" [27]. L'influence rousseaunienne se manifeste également chez Bolivar romantique qui aime les femmes et la vie du bon sauvage et qui se lasse de la vieille Europe. À Fanny de Villars, dont il s'éprit à Paris, le jeune Bolivar écrivait en 1807: "Je vais chercher un autre mode de vie, je sens du dégoût envers l'Europe et ses vieilles sociétés. Je retourne en Amérique. Que ferai-je là-bas? (....) Je l'ignore.(...). Vous savez que chez moi tout est spontané et que je ne fais jamais de projets. La vie du sauvage a pour moi beaucoup d'enchantements. Il est probable que je construise une chaumière entourée des beaux bois du Venezuela (...)" [28]. Un autre trait romantique du Libérateur qui l'approche de Rousseau, on le trouve dans la mystique révolutionnaire qui l'inspira et qui le mena à proférer, en 1805, sur le Monte Sacro, à Rome, le serment de libération de sa patrie [29]. Côté romantique aussi est sans doute son admiration rousseaunienne de la nature, dont la manifestation est perçue dans son extraordinaire "Délire sur Chimborazo" (1824) [30], ainsi que la séduction et la magnétisme de sa personnalité, qui, sans aucun doute, rappellent à la fois le héros à la Rousseau et le charisme napoléonien [31].
            Comme Rousseau et aussi comme son maître Simón Rodríguez, Bolivar ne fut point compris à la fin de sa vie. Les paroles, écrites peu avant sa mort, à son amie Fanny de Villars, en donnent la preuve: "(...) Je meurs méprisé, proscrit, détésté par ceux mêmes qui ont profité de mes faveurs; victime d'énorme douleur, captif d'innombrables amertumes. Je te laisse mes souvenirs, mes tristesses et les larmes que mes yeux n'ont pas réussi à verser" [32].
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                                             La version de ce travail a été executée par MARIA LÚCIA VIANA. L’Auteur lui consigne ici ses remerciements. Juiz de Fora, (Minas Gerais, Brésil), Octobre de 1995.



[1]Cf. SÁNCHEZ VÁSQUEZ, Adolfo.Rousseau en México. Mexico: Grijalbo, 1969; VÉLEZ-RODRÍGUEZ, Ricardo. Liberalismo y conservatismo en América Latina .Bogotá: Tercer Mundo/Université de Medellín, 1978 . Du même auteur, A propaganda republicana. 2ème édition. Rio de Janeiro: Université Gama Filho, 1994. ARCINIEGAS, Germán. Bolivar y la revolución. Bogotá: Planeta, 1984.
[2]Cf. LIÉVANO AGUIRRE, Indalecio. Bolivar. 6ème édition. Bogotá: La Oveja Negra, 1987, pgs. 15-22.
[3]Cf. FRANCOVICH, Guillermo. “Un mago de la ortografía”. In:Ultima Hora, La Paz, 31/08/83, p. 2.
[4]In CASTRO, Moacyr Werneck de. Bolivar (1783-1830). São Paulo: Ed. Três, 1973, p. 22.
[5]In CASTRO, Moacyr Werneck de,  op. cit.,, ibid.
[6]FRANCOVIC, Guillermo. La filosofia en Bolivia. Buenos Aires: Losada, 1945, p. 75.
[7] COVA, J. A. El superhombre: vida y obra del Libertador. (Prologue de R. Goménez Oreamuno). 3ème édition. Caracas: Novedades, 1943
[8] MANCINI, Jules.op. cit., p. 118.
[9] ROUSSEAU, Jean-Jacques. Obras I. (Plan, intr. et notes par P. Arbousse-Bastide, traduction d L. Santos Machado), Porto Alegre: Globo, p. 65.
[10] MANCINI, Ob. cit., p. 118.
[11] BOLIVAR, Simon.Cartas de Bolivar, 1799 a 1822. (Intr. de J. E. Rodó; notes de R. Blanco-Fombona). Paris/Buenos Aires: Louis Michaoud, 1912, pp. 41-42.
[12] MANCINI, Jules. Ob. cit., p. 150.
[13] Apud MANCINI,  Jules, ob. cit., pp. 154-155.
[14] Apud FRANCOVICH, Guillermo. La filosofia en Bolivia. op. cit., p. 79
[15] Cf. FRANCOVICH, Guillermo, “Contrastes (Diálogo)”.Ultima Hora, La Paz, 24/12/84, p. 2; GARCÍA-MÁRQUEZ, Gabriel.El general en su laberinto, Bogotá: La Oveja Negra, 1989 269-272; MUTIS, Alvaro,  Ël último rostro (fragmento)”. In: La mansión de Araucaima, Bogotá: La Oveja Negra, 1982, pp. 70-93.
[16] HOWLETT, Marc-Vincent,L’Homme qui croyait en l’Homme: Jean-Jacques Rousseau. Paris: Gallimard, 1994.
[17] SANDOVAL-FRANKY, Jairo.Simon Bolivar: sus años formativos. Bogotá: Plaza & Janés, 1991, p. 40.
[18] Apud SANDOVAL-FRANKY, Jairo. Simon Bolivar: sus años formativos, op. cit., ibid.
[19] MANCINI, Jules. Bolívar y la emancipación de las colonias españolas desde los orígenes hasta 1815. Op. cit., p. 151.
[20] Cf. COVA, J. A. El superhombre: vida y obra del Libertador. Op. cit., p.49.
[21] MOSQUERA, Tomás Cipriano de. Memoria sobre la vida del general Simon Bolivar, Libertador de Colombia, Perú y Bolivia. (Intr. de M. González). Bogotá: Instituto Colombiano de Cultura, 1977, p. 39.
[22] ROUSSEAU, Jean-Jacques.Obras II. (Plan et notes par P. Arbousse-Bastide; traduction de L. Gomes Machado). Porto Alegre: Globo, 1962, p. 150.
[23] CHEVALLIER, Jean-Jacques. As grandes obras políticas de Maquiavel a nossos dias. (Trad. de L. Christina). Rio de Janeiro: Agir, 1973, p. 173.
[24] ROZO ACUÑA, Eduardo. Bolivar: Pensamiento constitucional.Bogotá: Universidad Externado de Colombia, 1983, pp. 14-15.
[25] BOLIVAR, Simon. Ensayos políticos. (Selection et notes par G. Soriano). Madrid: Alianza Editorial, 1971 pp. 116-117.
[26] MANCINI, Jules. Bolivar y la emancipación de las colonias españolas desde los orígenes hasta 1815. Op. cit., p. 151.
[27] Apud ACEVEDO CARMONA,  Jairo. Bolivar Libertador y Educador de América. Medellín: Universidad de Antioquia, 1989, p. 26.
[28] Apud GAITÁN DE PARÍS, Blanca. La mujer en la vida del Libertador. 2ème édition. Bogotá: Sociedad Bolivariana de Colombia, 1991, p. 43.
[29] Cf. MANCINI, Jules.Bolivar y la emancipación de las colonias españolas desde los orígenes hasta 1815. Op. cit., pp. 149-150.
[30] Cf. MANCINI, Jules, op. cit., pp. 148-149; ARCINIEGAS, Germán. Bolivar y la revolución. op. cit., p. 57.
[31] Cf. NOGUERA-MENDOZA, Anibal et Flavio DE CASTRO. (Organisateurs). Aproximación al Libertador: Testimonios de su época. Bogotá: Academia Colombiana de Historia/Plaza & Janés, 1983, pp. 83, 137, 168.
[32] In: CASTRO, Moacyr Werneck de. Bolivar (1783-1830). São Paulo: Edit. Três, 1973, p. 275.

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